Bizarres, les cadeaux reçus par Jésus... - Homélie

Publié le par Gens d'Outremeuse


en ce dimanche de l'Épiphanie, nous accueillons Katia
qui fait son entrée en catéchuménat. Sois la bienvenue
parmi nous et bon cheminement jusqu'à Pâques !



Première lecture : Is 60, 1-6
Psaume 71

Deuxième lecture: Eph 3, 2-3a.5-6
Évangile : Mt 2, 1-12



Katia, frères et soeurs,

Je voudrais en ce jour de l'Épiphanie méditer avec vous sur les cadeaux bizarres, très bizarres même, que Jésus a reçus aujourd'hui de ces mages venus d'Orient.

De l'or, de l'encens et de la myrrhe...

L'or fait penser à la couronne d'or que les rois d'Israël portaient. L'or représente la royauté. Et effectivement, Jésus va parler -notamment dans ses paraboles- de ce fameux Royaume des cieux. Ce sera même le motif de sa condamnation sur la croix, puisque sur la croix, il sera écrit: "Jésus, le Nazôréen, Roi des Juifs". Le roi en Israël devait jouer un rôle particulier, très différent du rôle des rois des autres empires ou royautés du Moyen-Orient. Aux autres rois (empereur assyrien, pharaon égyptien, etc.), tout leur était permis : ils pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient. Ils pouvaient utiliser leur puissance dans n'importe quel sens. Mais le roi d'Israël, lui, ne pouvait pas faire cela : il était le représentant d'un Dieu qui avait sauvé les petits et les faibles d'Égypte. Donc son rôle était celui du CPAS d'aujourd'hui. Il devait en particulier soutenir les petits, les veuves, les orphelins, etc. C'était là son rôle essentiel.

Katia, lorsque tu seras baptisée, et vous, frères et soeurs qui avez été baptisés, vous deviendrez ou êtes devenus, par le baptême, des rois : comme les anciens rois d'Israël auraient dû le faire (car ils ne l'ont pas toujours fait), nous devrons ou devons nous préoccuper de tous ceux qui ont besoin de notre aide. Rappelez-vous de la parabole de Jésus qui disait : j'avais faim, j'avais soif, j'étais nu, j'étais malade, j'étais en prison et, d'une manière ou d'une autre, vous m'avez aidé. Jésus est devenu roi pour cela. Et nous, à son image et à sa ressemblance, par le baptême,
nous devons devenir des rois pour aider nos frères et soeurs.

On offre à Jésus de l'encens. C'est le prêtre qui utilisait l'encens dans le Temple de Jérusalem, symbole de la prière qui monte vers Dieu. L'encens était utilisé dans tous les sacrifices sanglants dans le Temple de Jérusalem. Jésus a été prêtre. Vous me direz, ça a été un drôle de prêtre car à notre connaissance, Jésus n'a pas officié dans le Temple de Jérusalem. Il a même plusieurs fois dans sa vie semer la pagaille dans le Temple de Jérusalem. Alors si vous me dites, Monsieur le Doyen, qu'il a été prêtre, je ne vois pas très bien...

L'auteur de la lettre aux Hébreux essaie de montrer que Jésus, au fond de lui-même, a été un prêtre. Un prêtre est un intermédiaire entre Dieu et les hommes. C'est lui qui offre à Dieu les sacrifices, la prière du peuple. Comme le dit la lettre aux Hébreux en rappelant un psaume : "tu ne voulais pas d'offrande et de sacrifices sanglants. Tu m'as fait un corps. Alors j'ai dit -comme Katia a dit tout au début- me voici. Je viens t'offrir non pas quelque chose d'extérieure à moi, mais je viens t'offrir mon corps, ma vie, tout mon être". C'est ce que Jésus a fait : tout son corps, toute sa vie, tout son être a été donné jusqu'à la croix. Il a été, comme le dit la lettre aux Hébreux, à la fois le prêtre et la victime. Et nous, par le baptême, nous devenons des prêtres. Pas seulement moi. Pas seulement Camille. Pas seulement Joseph. Mais vous tous, vous êtes des prêtres dans ce sens symbolique très fort : vous êtes des intermédiaires entre Dieu et les hommes. Vous êtes invités à offrir tout votre être, toute votre vie au Seigneur, jusqu'au bout, s'il le faut.

On offre de la myrrhe à Jésus. C'est renversant : c'est le produit qu'on utilisait pour embaumer les morts. Pour un nouveau-né, ce n'est pas tout à fait le cadeau qu'il faudrait. Mais là aussi, saint Luc nous invite à regarder plus loin que la "simple" naissance d'un nouveau-né. Comme je viens de le dire à propos des prêtres, nous devons donner notre vie jusqu'au bout. Et "jusqu'au bout", cela veut dire malgré toutes les difficultés, malgré les refus que l'on peut rencontrer en annonçant la Bonne Nouvelle. Tous les prophètes avant Jésus, et Jésus n'échappera pas à la règle, sont morts martyres, ont vu leur annonce de la Bonne Nouvelle refusée. Il faut passer par la mort pour arriver à la vie.

Là aussi, frères et soeurs, notre baptême nous a rendu prophète. Le baptême, c'est passer par les grandes eaux de la mort, c'est dire "non" à notre égoïsme, à nos habitudes d'autrefois pour renaître à une vie nouvelle. C'est une véritable mort. En ce jour qui est pour ainsi dire le premier de l'année, j'aimerais vous souhaiter de vivre toujours plus de votre baptême, en étant roi, prêtre et prophète à l'image de Jésus qui a aussi été roi, prêtre et prophète.



Jean Pierre Pire

Église Saint-Nicolas
03/01/10, 11h30


Retranscription : Elisa

Publié dans Homélies

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article