L'Esprit n'entrera pas par effraction - Homélie de Pentecôte

Publié le par Gens d'Outremeuse


Ac 2, 1-11   ~   Psaume 103   ~   1 Co 12, 3b-7.12-13    ~    Jn 20, 19-23

Frères et soeurs,

Nous sommes certainement nombreux de par le monde à demander l'effusion de l'Esprit sur l'Eglise d'aujourd'hui et, en particulier, en Occident qui -il faut bien le dire- s'est un peu assoupie au niveau de sa foi. Je pense que nous faisons bien de demander à ce souffle imprévisible de Dieu de venir ressusciter notre foi endormie. Mais comme le dit le proverbe : aide-toi et le Ciel t'aidera. Quand nous demandons qqch à Dieu, nous ne devons pas nécessairement rester à ne rien faire et à attendre que Dieu veuille bien se manifester. Je crois que Dieu compte aussi sur notre intelligence et notre volonté.

Quand je regarde ce qui s'est passé dans les Evangiles et dans les Actes des Apôtres, je vois que l'Esprit Saint n'est pas venu au hasard, parce qu'il l'avait décidé et dans des coeurs non préparés. Bien au contraire... Quand l'Esprit Saint est-il descendu sur les Apôtres ? Il ne faut pas oublier, frères et soeurs, que ces mêmes Apôtres ont été pendant trois ans ensemble avec Jésus. Ils ont mangé avec Jésus, ils ont bu, ils marché, ils ont fait des milliers de kilomètres avec Jésus, ils ont prié avec lui et ils ont écouté son enseignement. Après seulement trois ans, l'Esprit Saint est venu sur eux.

Saint Luc, dans les Actes des Apôtres, quand il décrit la première communauté chrétienne, il dit ceci : "les chrétiens se montraient assidus à l'enseignement des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières." Saint Luc dans cette phrase rappelle les trois axes principaux que les apôtres ont vécus avec Jésus et que l'Eglise, à leur suite, doit respecter. L'enseignement des Apôtres, la communion fraternelle (cad la solidarité entre les chrétiens), la fraction du pain (cad la messe) et les prières.

Il y a une trentaine d'années, nos Evêques de Belgique ont écrit le catéchisme des Evêques de Belgique. Ils ont alors repris ces trois grands axes qu'ils ont définis avec trois verbes : CROIRE, VIVRE et CELEBRER. Croire, cad réfléchir sur tout ce qui fait notre foi. Vivre, cad nous aimer les uns les autres et les plus pauvres autour de nous. Célébrer, cad prier, célébrer les sacrements, se rassembler pour vivre les sacrements et la prière. Si ces trois axes ne sont pas présents, je crois que l'Esprit Saint ne viendra jamais sur nous. Ces trois axes doivent être présents ensemble.

Je vois des chrétiens qui ont tout misé sur la prière et les sacrements. Je vois des chrétiens qui ont tout misé sur l'enseignement et l'approfondissement de la Bible. Je vois d'autres chrétiens qui ne viennent plus à nos messes, qui n'approfondissent pas la Bible, mais qui rendent des services de manière très généreuse un peu partout. Frères et soeurs, être chrétien, ce n'est jamais mettre l'accent sur une seule chose : c'est mettre l'accent sur ces trois choses en même temps. Je crois que c'est cela qui manque à notre Eglise aujourd'hui : on ne retrouve pas les mêmes personnes qui sont assidues en même temps pour approfondir l'enseignement de la Bible et de l'Eglise, pour la prière et aux sacrements et aussi pour faire attention à tout ce qui se passe dans la communauté pour mieux se connaître dans la communauté et à rayonner cet amour autour d'eux.

Si nous voulons demander quelque chose à l'Esprit, c'est bien cela que nous devons demander au Seigneur : que ces trois pôles (croire, vivre et célébrer), nous puissions les vivre ensemble et nous retrouver ensemble pour vivre ces trois pôles. S'il n'y a qu'un ou deux des pôles qui sont bien respectés, alors nous aurons une espèce de trépied qui ne pourrait jamais tenir debout... Comme une chaise à laquelle il manque un de ses pieds ne peut pas tenir debout. Ce n'est qu'en s'ouvrant tous ensemble à ces trois pôles que l'Esprit pourra entrer en nous. Comme l'Esprit de Pentecôte est entré chez des gens qui, je le répète, ont partagé la vie de Jésus, s'étaient entraidé pendant trois ans, avaient réfléchi suite aux enseignements de Jésus, avaient célébré sans doute déjà tous les dimanches avant la mort de Jésus ce que nous appelons aujourd'hui la messe, avaient prié avec Jésus et à qui Jésus a appris à prier. C'est après avoir vécu tout cela qu'ils ont été un jour gonflé au souffle de l'Esprit. 

Pour vivre cela, frères et soeurs, cela dépend de nous parce que le Saint Esprit ne fera jamais chez nous une violation de domicile. Jésus dit lui-même dans l'Apocalypse : "Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix, j'entrerai chez lui et je viendrai manger avec lui." Mais si on n'ouvre pas la porte, Jésus ni l'Esprit n'entreront par effraction : ce serait manquer du respect que Dieu veut garder vis-à-vis de la liberté humaine. Pour que Jésus puisse entrer et que son Esprit puisse le suivre, il faut, comme l'Eglise d'il y a 2000 ans, être assidu à l'enseignement des Apôtres, fidèle à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. 


Jean Pierre Pire
Église Saint-Pholien
12 juin, 10h


Retranscription : Elisa

                

 

 

Publié dans Homélies

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