L'Esprit de Pentecôte, notre supporter - Homélie

Publié le par Gens d'Outremeuse



Première lecture : Actes 2, 1-11
Psaume : 103
Deuxième lecture: Ga 5, 16-25
Évangile : Jean 15, 26-27; 16, 12-15


Nous sommes à la Pentecôte. Ce n'est pas facile de parler et d'expliquer ce qu'est Dieu. Il y a beaucoup de gens qui s'y essaient depuis toujours... et plus on essaie, plus on se trompe. D'ailleurs dans l'Évangile, Jésus ne donne pas d'explication sur le Père et son Esprit, et Lui-même. Si vous avez remarqué, si vous avez de bons souvenirs, pour dire des choses qui nous aident un petit peu à comprendre, il prend des images... Il dira par exemple qu'il est la vigne, mais non, il n'est pas une vigne : il est comme un vigne... comme une vigne qui porte des sarments et les sarments portent des fruits, etc.

Il dira "je suis la Lumière du monde", mais ce n'est pas un phare. Mais ça veut dire quelque chose : une image, ça parle. Ca nous dit quelque chose sur quelque chose. Ou bien une autre image : "je suis le rocher"... Mais non, il n'est pas un rocher : il est comme un rocher et si une maison est construite sur un rocher, alors elle tient bien. Il dira qu'il est le berger, le bon berger, parce qu'il y a de mauvais bergers... Mais pourtant, il n'a pas de moutons... II est comme le berger qui connaît ses brebis et que ses brebis connaissent. Etc. Etc.

Donc pour parler de l'Esprit, je prendrai une autre image que celle du Défenseur que vous venez d'entendre... que celle du Paraclet dont j'ignore ce qu'elle veut dire : c'est un mot grec qu'on a traduit en français sans même expliquer ce que c'est... que celle de notre Avocat car ça ne me dit pas grand chose : c'est au tribunal que j'ai besoin d'un avocat. Or, je ne me sens pas dans un tribunal.

J'ai un mot qui m'est venu cette semaine, à cause du match Standard-Anderlecht. C'est le mot Supporter. Une équipe qui n'a pas de supporters est foutue : elle ne gagnera jamais. Toute équipe de football, coureur cycliste ou boxeur a besoin de supporters autour de lui pour pouvoir sortir de lui le meilleur de lui-même, pour pouvoir éventuellement gagner le meilleur.

Un supporter a quelques caractéristiques. Tout d'abord, il choisit son équipe : les supporters du Standard ne sont pas en même temps les supporters d'Anderlecht. Ensuite, le supporter ne joue pas. Il ne shoote pas dans le ballon. Il est ailleurs. Il n'est pas sur le terrain. Ce n'est pas lui qui joue, mais sans lui, ceux qui sont sur le terrain ne joueraient pas aussi bien. Il ne joue pas... mais il est présent : éventuellement dans les tribunes, en criant très fort... II est présent. Il est là. Il ne ratera pas le match de l'équipe qu'il aime bien, qu'il a choisie. D'ailleurs, il se déplace : il va en déplacement, comme on dit. Il va là où son équipe joue. Les supporters d'Anderlecht sont venus au Standard. Enfin, un vrai supporter reste fidèle à son équipe même quand elle perd, même quand elle fait des erreurs, même quand elle commet des fautes. Un vrai supporter reste fidèle, même dans des circonstances difficiles.

Je crois que l'Esprit-Saint dont nous parlons si facilement -et certains en parlent d'ailleurs beaucoup trop- a toutes ces caractéristiques que je viens de donner du supporter. D'abord, le supporter Esprit-Saint se choisit une équipe et son équipe, c'est l'humanité toute entière. C'est nous tous, c'est vous tous et même moi... et j'espère qu'il m'assiste un peu pour le moment.

L'Esprit-Saint qui nous choisit ne joue pas à notre place. Ce n'est pas lui qui shoote dans le ballon. Ce n'est pas lui qui fait à notre place ce que nous avons à faire tous les jours de  la vie quotidienne, dans l'humanité, sur cette terre. Lui, le supporter ne fout rien. Il ne fait rien. Il ne shoote pas. Il ne réagit pas. Il ne travaille pas. Mais il est là pour donner un dynamisme, une force, une précision, une générosité et des ressources à ceux qui sont sur le terrain. Il est présent. Il ne joue pas mais il est là. Évidemment, nous ne ressentons pas toujours sa présence. C'est là que la foi intervient : croyons-nous que l'Esprit-Saint est l'Esprit de Dieu ou l'Esprit de Jésus-Christ ? Le Fils qu'a envoyé notre Père a disparu dans son humanité, l'Esprit qui est là après sa mort, qu'Il va nous envoyer, qu'Il envoie est présent. Cet Esprit qu'Il nous donne nous suit partout où nous allons, comme le supporter suit son équipe partout où elle joue. Il est toujours là. A la limite, nous ne savons pas nous cacher de lui.

Ce n'est pas seulement ce matin, le jour de la Pentecôte, qu'Il est là. Ce sera après-midi, la semaine prochaine, quand vous serez ailleurs et que je serai aussi ailleurs. C'est là partout que l'Esprit nous accompagne : Il va où l'équipe que nous sommes joue, travaille.

Et aussi, comme le supporter du Standard, il reste fidèle. Il continue à nous supporter (pas dans le sens de baisser le dos, mais dans le sens d'être supporter). Il reste fidèle à son rôle de supporter, même lorsque nous perdons, même lorsque nous ratons, même lorsque nous péchons. Un vrai supporter est fidèle. Ne croyons jamais, je vous en prie jamais que parce que vous avez fait une bêtise, l'Esprit, le Supporter va vous lâcher : un vrai supporter ne lâche pas son équipe, même quand elle perd.

C'est dans ce sens-là, voyez-vous, qu'un jour Jésus a dit : "Je serai avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde." Il dit bien "je serai avec vous". Il ne dit jamais "je serai contre vous.  Avec vous... Que vous gagniez ou que vous perdiez, que vous alliez en déplacement ou que vous jouiez sur votre terrain, quelles que soient les circonstances, je suis avec vous. Je ne suis pas contre vous. Je ne serai jamais sans vous, mais je serai toujours avec vous. C'est là que nous sommes interpellés dans notre foi : est-ce que vous croyez vraiment que l'Esprit de Jésus est avec vous et jamais contre vous ?

Voilà ce que je voulais vous dire aujourd'hui.




Joseph Natalis


Église Saint-Nicolas
31/05/09, 11h30


Retranscription : Elisa

 

Publié dans Homélies

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