Les béatitudes : un bonheur prophétique - Homélie

Publié le par Gens d'Outremeuse


Première lecture : Jé 17, 5-8
Psaume 1

Deuxième lecture: 1 Co 15, 12.16-20
Évangile : Lc 6, 17.20-26


Frères et soeurs,

Vous l’avez peut-être remarqué entre les deux premières lectures, nous avons chanté le psaume n°1, le tout premier des 150 prières d’Israël. Ce n’est certainement pas un hasard si les Juifs ont décidé de mettre cette prière en tête de toutes les autres. Cette prière commence par l’adjectif heureux, le même mot que Jésus va utiliser dans ses béatitudes, pour nous dire que toute la vie que Dieu propose à l’homme est tournée vers le bonheur. Dieu veut le bien, le bonheur de l’homme. Dieu le bénit. Déjà dans ce psaume, il y a deux voix à l’homme : la voix de l’homme qui ne fait pas confiance ou la voix de l’homme qui, au contraire, se repose sur Dieu.

Dieu veut le bonheur de l’homme, mais -il faut bien le dire- de manière très particulière. Quand je lis les béatitudes comme nous venons de les lire, je pourrais dire que le bonheur que Jésus nous propose est un bonheur prophétique. Je veux dire par là que ce bonheur des béatitudes est celui vécu par les prophètes qui ont précédé Jésus.

Quand on lit les béatitudes -que ce soient celles de Luc ou celles de Matthieu-, on pourrait presque mettre des noms de prophètes derrières toutes ces béatitudes et, en particulier, celui de Jérémie dont nous avons lu tout à l’heure un extrait. En effet, les prophètes ont déjà vécu ces béatitudes avec Jésus. Et Jésus veut nous inviter à vivre comme les prophètes. Cela ne signifie pas être des gens qui vont annoncer l'avenir : ça n’était pas la première fonction des prophètes.  Ils étaient des hommes qui ont voulu interpeller le roi ou le peuple parce qu’ils ne faisaient pas assez confiance en Dieu. Comme vous le savez, tous ces prophètes n’ont pas eu beaucoup de succès.

C’est d’ailleurs la grande différence entre les prophètes tels qu’ils sont vus par la Bible et les prophètes tels qu’ils sont vus dans le Coran. Dans le Coran, si un homme est envoyé de Dieu, il doit rencontrer obligatoirement le succès, sinon ce n’est pas un homme de Dieu. C’est pour cela que les musulmans ont difficile à admettre que Jésus soit mort sur une croix et que sa vie ait connu l’échec. Mais, au contraire, Jésus a médité tout l’exemple de vie de ces prophètes et il a bien compris que le bonheur est ailleurs que dans le succès : il peut même se trouver lorsqu’on est rejeté de tout le monde, lorsqu’on ne plaît pas à tout le monde.

Vous savez peut-être, frères et soeurs, que dans la langue de Jésus, le mot heureux peut aussi se traduire par « en marche » : il peut être compris comme un signe d’encouragement. Jésus va dire de lui-même qu’il est le Chemin, la Vérité, la Vie. Il veut nous mettre en marche... non pas vers le mirage et le succès du bonheur facile, mais vers autre chose... vers son Père... vers notre Père...

Jésus nous dit : « surtout, comme les prophètes, tenez bon par la foi », car c’est dans cette foi que se trouve le vrai bonheur. Il est dans la foi en Dieu telle qu’elle est exprimée dans le premier psaume, telle qu’elle a été vécue par les prophètes avant Jésus. C’est le bonheur de cette foi que Jésus va mettre en avant. Faire confiance, même si cette confiance n’a pas de succès, même si cette confiance ne rencontre que de l’incompréhension. Mettre sa confiance en Dieu procure déjà aujourd’hui et maintenant le bonheur.

Frères et soeurs, nous allons dans quelques jours commencer le carême, ce chemin de confiance à travers le désert de nos vies, à travers les difficultés de nos vies. Lorsque nous n’obtenons pas ce que nous voulons, Jésus nous invite à continuer à croire en lui, à parier sur lui (comme le disait Pascal) car c’est la foi qui change le coeur de l’homme et lui permet de se déposséder de lui-même.



 

Jean Pierre Pire

Église Saint-Louis
14/02/10, 10h


Retranscription : Elisa

Publié dans Homélies

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